Alors que le plus ancien refuge de France aurait dû fêter ses 120 ans en 2022, rien n’a été fait par la direction de la SPA (qui dispose pourtant de plus de 10 millions d’euros de budget de communication) pour mettre en avant cet événement. Rien d’étonnant ! Le choix du Président de la SPA d’accepter le transfert de l’ancien refuge situé avenue du Général de Gaulle vers un ancien terrain industriel du port de Gennevilliers s’avère être un gouffre financier. Comme le disait Jacques-Charles Fombonne au journal le Monde, Gennevilliers est un « dossier maudit » qui va coûter « nettement plus cher » que les 10 millions d’euros initialement prévus… C’était déjà beaucoup !

Pourtant l’explication mystique de celui qui dirige la SPA de Paris depuis 2019 est loin d’être suffisante. Aucun des anciennes et anciens présidents de la SPA parisienne n’ont accepté la proposition que la mairie de Gennevilliers faisait depuis 15 ans à l’association. « Nous avons commis parfois des erreurs mais pas celle-là ! » disent d’ailleurs deux d’entre eux au JPA. Transférer le refuge de Gennevilliers situé à deux pas du RER, vers un terrain trois fois plus grand mais excentré, pollué (situé sur le site des anciennes usines à gaz) et inondable, de surcroit surplombé par une ligne à haute tension n’a vraisemblablement pas été l’idée la plus pertinente du Président Fombonne. Le dirigeant voulait assurer la présence d’un refuge fourrière SPA dans la petite couronne de Paris à tout prix. Sur le plan financier, c’est réussi !
Une erreur de casting payée pour moitié par le contribuable ?
En choisissant le groupe de BTP Hervé qui était en grande difficulté financière pour construire le refuge, l’équipe Fombonne a ajouté une pierre dorée au coût faramineux de l’édifice. GC City Hervé a été mis en liquidation judiciaire sans repreneur le 16 février 2023… Les travaux qui avançaient péniblement depuis un an et demi se sont arrêtés et le site a été mis sous surveillance pour 20 000 euros par mois. Pour les reprendre, il faudra que les contrats d’une vingtaine de sous-traitants qui ont commencé avec CG City soient renégociés directement par la SPA. La facture va, au bas mot, coûter 15 millions d’euros. Une ardoise inégalée dans la construction d’un refuge pour chiens et chats. Et c’est là qu’une brillante idée, mis en œuvre par Guillaume Sanchez, le directeur général de la SPA (ancien administrateur territorial de Tours Métropole) a vu le jour sous le soleil du chantier interrompu : adoucir l’ardoise du futur refuge en mettant, à nouveau, à contribution le département des Hauts-de-Seine, la région Ile-de-France et l’Etat. Jacques-Charles Fombonne assurait aux membres de la SPA que le chantier, si tout se passe bien, « serait pris en charge pour moitié par les fonds publics »…. Dans cette histoire de financeur, John Gordon Bennett Junior le mécène du premier refuge de Gennevilliers en 1902 était vraiment un petit joueur. A l’époque l’idée même de chercher un financement publique pour bâtir un refuge qui accueillerait les chiens abandonnés de Paris n’aurait même pas pu lui effleurer l’esprit. Autre temps, autres mœurs, l’équipe de la SPA n’a pas ce genre de pudeurs. Elle pratique des méthodes de marketing digne d’une entreprise privée mais sait aussi capter les fonds des collectivités…

La SPA, riche à millions, grâce aux legs et aux dons, préfère garder ses fonds !
Lors de l’assemblée générale du juin 2023, organisée en visio-conférence, le Général Fombonne a présenté fièrement les comptes rutilants de l’association aux adhérents connectés. Grâce à sa politique de recherche de fonds la SPA a capté en 2022, record sans précédent, plus de 89 millions d’euros de legs et de dons. Elle dispose, de surcroit, d’une réserve de trésorerie de plus de 100 millions. Cerise sur le gâteau, le cacique a annoncé aux adhérents l’acceptation d’un leg sans précédent. Le fondateur alsacien d’une multinationale décédé en juin 2022 a légué la moitié de sa fortune à « la SPA française » (Les experts estiment la valeur totale de la succession à un demi-milliard d’euros !). Une situation financière qui a permis d’adoucir la bévue à 15 millions du refuge de Gennevilliers. Peut-être que quelques adhérents, derrière leurs écrans, soucieux de l’utilisation des fonds publics ont dû se dire que cet argent aurait pu servir à autre chose qu’à rattraper les erreurs immobilières de la SPA. Des millions qui auraient pu financer des projets mieux construits et beaucoup moins dotés….