Archive du 15 février 2016 – Article d’Alain Lambert – Le Journal de la Protection Animale

La présidente « bénévole » Natacha Harry, le répète un peu partout, elle veut professionnaliser la Société Protectrice des Animaux. Nous avons pu ainsi découvrir dans ses actualités de février 2016 qu’ « une équipe de transféristes a donc été montée afin de prendre en charge ces déplacements très particuliers et favoriser ainsi l’adoption de tous nos animaux en mal de famille dans nos refuges SPA. » Dans cet article auto promoteur, l’association de Paris nous fait la fiche signalétique de cette nouvelle profession cyno routière : « Le métier de transfériste est unique en son genre et entièrement lié à l’activité de la SPA. Pour l’exercer, il faut être à l’aise avec les animaux, bien les connaître et être à leur écoute. Une formation au métier de Comportementaliste est réellement un plus afin de savoir aussi les manipuler si nécessaire. Enfin, il est primordial d’être très autonome, organisé et bien évidemment mobile ! » Le comportementaliste transfériste est en quelque sorte un spécialiste qui sait à la fois conduire les camions et les chiens. Une révolution dans le monde de la formation professionnelle ! Autant dire que le simple bénévole qui transporte un chien dans sa TWINGO n’a plus qu’à aller se rhabiller avec son ridicule permis auto. La professionnalisation en marche de la SPA de Paris est la garantie d’un travail bien accompli, tout du moins en théorie !
Compte tenu des événements de Tarbes en 2014 et ceux du Planay en décembre 2015, il est permis d’émettre quelques réserves à cette ode à la professionnalisation.
Dans ces deux affaires on retrouve Tamara, une professionnelle de « la SPA » qui est depuis de longues années salariée au siège du Boulevard Berthier. Elle y officie en tant que « Responsable du service Protection Animale de la SPA ». Dans l’affaire de Tarbes, la « responsable » a fait preuve d’un « professionnalisme » tout à fait surprenant. Un bénévole débutant aurait pu en faire autant ! Sous sa direction, 24 chiens « transférés » sont morts dans un camion de déménagement. Les faits seront jugés le 7 mars 2016 au tribunal de Marmande.
EN 2014 : 24 TOUTOUS ENVOYES PAR CAMION EN ENFER !
L’affaire débute le 31 mars 2014. Un contrôle inopiné à la SPA d’Armagnac Bigorre à Tarbes par la DDPP (les services vétérinaires) met en évidence que ce refuge indépendant est en surcapacité car il n’est autorisé que pour 49 chiens. A la suite d’une lettre des services préfectoraux, contact a été pris avec la SPA de Paris pour le transfert de 38 chiens vers d’autres refuges de la région parisienne.
Le 23 avril 2014, Tamara, la spécialiste en protection animale de la SPA arrive par avion à l’aéroport de PAU à 8 h30. Hervé, le chauffeur du camion a récupéré la « responsable » à sa descente d’avion. Ce n’était pas un salarié de la SPA mais de la SACPA. Peut être allez vous nous dire en voyant ce sigle étonnant « la SACPA, mais qu’est-ce que ce machin là ? ». Pour rassurer le lecteur, sachez que le SERVICE POUR L’ASSISTANCE ET LE CONTROLE DU PEUPLEMENT ANIMAL (SACPA-CHENIL SERVICE) est le doux nom d’une société dirigée par Jean François Fonteneau qui se spécialise dans l’activité de fourrière. Elle ne compte dans ses rangs aucun bénévole, aucun amateur. Comme le dit si joliment son site internet, c’est une entreprise qui a « des techniciens experts dans leur domaine ». Dans cette histoire, le technicien en question ne devait être expert qu’en matière de moteur et encore. Il conduisait un véhicule de location EUROPCAR de 20 mètres cube avec haillon parfaitement adapté pour transporter des frigos ou des télévisions. Une quarantaine de cages de transport avaient été disposées dans le camion auparavant au siège de la SACPA.
Même si vous n’y connaissez rien en déplacement d’animaux, peut être auriez-vous pu émettre quelques réserves en voyant ce véhicule fermé et sans ventilation à l’idée de transporter quarante chiens sur un parcours de plus de 1000 kilomètres ? Tamara, la « responsable SPA » n’y a fait aucune objection, pas plus que les trois agents de la Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations (DDCSPP ex Direction des Services Vétérinaires) qui les attendaient au refuge de Tarbes à 9h30. Les gentils fonctionnaires ont même aidé au chargement des chiens dans ce camion totalement en infraction avec la réglementation sur les transports d’animaux. La présidente et quelques éléments du refuge de Tarbes (indépendants de la SPA de Paris) ont vaguement protesté sans s’y opposer. De nombreux témoins racontent dans leurs dépositions que Tamara, la « responsable », a affirmé avoir fait de nombreuses fois des transports dans les mêmes conditions sans avoir le moindre problème. Fin de la discussion ! On est des professionnels oui ou non ?
Le duo « Responsable en protection animale » et « technicien expert » part à 11 h du refuge de Tarbes. Et c’est là que l’on comprend pourquoi la SPA veut aujourd’hui, transformer deux personnes avec des compétences différentes en une seule polyvalente. Si l’issue n’avait pas été fatale, on aurait pu rire de l’affaire à gorge déployée de ce voyage de pieds nickelés. Tamara n’avait pas le temps pour accompagner le convoi jusqu’au bout, elle a demandé au conducteur du camion de faire un détour pour la déposer à l’aéroport de PAU. Visiblement, le déplacement en camion vers Paris n’était pas de son goût. Cette professionnelle de haut vol (PARIS-PAU en une heure et quart!) a considéré que la prise en charge des chiens à Tarbes était faite dans des bonnes conditions puisqu’elle a poussé le conducteur à se dépêcher pour ne pas louper l’avion. Après avoir déposé la « responsable » à l’aéroport, l’ « expert » a continué sa route tout seul comme un grand sans la tête pensante de cette merveilleuse expédition. Il fait une pause à 13h10 sur une aire proche de Bordeaux puis fait le plein dans une station service à 14h50 sans donner un coup d’œil à la « cargaison ». Il s’arrête ensuite pour regarder comment vont les chiens sur l’aire d’autoroute de Bénate à 15h25. Résultat du voyage : un carnage ! 24 chiens sur les 38 ont été envoyés au paradis canin…
EN 2015 : ENLEVER 121 CHIENS A UN MUSCHER ? MEME PAS PEUR !
Natacha HARRY nous l’avait affirmé, à l’époque, dans un communiqué de presse : « A l’avenir, aucun risque ne pourra, ne devra être couru qui serait susceptible de porter atteinte à la santé ou à la vie des animaux dont nous avons la charge. C’est la vocation même de la SPA, son ADN, sa raison d’être». Pourtant, la SPA de Paris a bien porté atteinte à la santé et à la vie des animaux dans le périple qui commence le 9 décembre 2015 au Planay c’est dire que l’expérience professionnelle est parfois comme un peigne pour les chauves.
Dans cette histoire, il n’est pas question de transférer des chiens d’un refuge vers un autre refuge. Trop facile pour une équipe de professionnels chevronnés habitués aux banales aires d’autoroute. Rien de tel qu’une opération de montagne pour tester les compétences des « transféristes ». Certains s’étonneront que dans cette affaire les chiens récupérés ne fussent en aucun cas en danger. Ils n’étaient pas maltraités, ils étaient en forme et en parfaite santé et vivaient à l’air libre leur vie sportive de chiens de traineaux. Bref, ils diront que la SPA n’avait rien à faire dans cette affaire. Le grief reproché par les services du préfet à la Société NORDIC AVENTURE était simplement d’avoir plus de chiens que leur permettait leur autorisation (une décision entièrement contestée par les intéressés), pas de faire des mauvais traitements.

A notre connaissance, la devise de la SPA de Paris est « Sauver Protéger Aimer » pas « Collaborer Transférer Enfermer » mais que voulez-vous, quand on a une telle équipe de professionnels on a envie de les utiliser ! Sollicitée par le préfet de Savoie, la SPA de Paris accepte de prendre en charge la mission (« assurer le transport, l’accueil et l’hébergement de ces animaux » selon l’arrêté de réquisition). Tamara décide une fois de plus dans cette histoire de prendre de la hauteur mais sans voyager en avion. Elle grimpe avec ses collègues de la cellule anti-trafic (dans ce cas le trafic de quoi ?) les routes savoyardes avec des camions pour transport de chevaux loués à la Société EQUISERVICES (encore une fois des véhicules inadaptés) puis rejoint une armada de gendarmes (une cinquantaine de képis !) et deux vétérinaires réquisitionnés pour l’opération. La SPA n’ayant pas encore la vocation de faire régner l’ordre publique, elle laisse à la gendarmerie le soin de placer en garde à vue Guy Petit-Demange, le musher et sa compagne Claire Noblins vétérinaire qui ont le culot de s’opposer à cette jolie démonstration. Malheureusement, les chiens nordiques sans leur musher étaient moins faciles à mettre dans les cages de transport que les braves toutous du refuge de Tarbes. Une chienne a mis bas dans l’opération, 7 chiots y ont perdu la vie… N’ayant pas assez de place, certains nordiques ont été mis deux par deux dans les cages sans tenir compte de leurs meutes. Des nombreuses bagarres ont donc eu lieu. « Des professionnels » qu’on vous dit !
EN 2016, LES « MEILLEURS SOINS » DE LA SPA ET DE LA SACPA :
DEUX MOIS DE CAGES SANS SORTIR POUR DES CHIENS
ENTRAINES A LA COURSE EN PLEIN AIR !
Reprenons donc à ce stade du récit le communiqué de la SPA de Paris : « Cette saisie d’envergure a mobilisé 10 personnes et nécessité la mise en place d’une logistique spécifique de la part de la SPA. Les 121 chiens et chiots sont aujourd’hui à l’abri dans un refuge adapté à leur accueil. Les meilleurs soins leur seront prodigués, en attendant qu’une décision administrative ou judiciaire soit prise pour leur avenir. »
Pour ce qui est de « l’avenir » des chiots « à l’abri » c’est plutôt mal parti : 14 chiots sont morts ! Allez hop ! Au paradis des huskies !
Pour ce qui est d’« un refuge adapté » La SPA n’ayant pas de lieux pour les placer, « l’accueil » a été sous traité par la SACPA (la fameuse société!), en Bretagne, dans les bouches du Rhône et dans un troisième site que nous n’avons pas encore identifié.
Dans le chenil des Cotes d’Armor où cinquante des nordiques ont été « accueillis » sévit une violente épidémie de gastro entérite. Un chien adulte est déjà décédé…
Pour ce qui « des meilleurs soins prodigués », les chiens sont quasiment comme à la maison… Les attelages de chiens qui couraient dans les montagnes savoyardes avant la saisie ont déjà passé deux mois sur le béton sans sortir des cages de la fourrière.
Pour ce qui est de « la logistique spécifique », les chiens nordiques étaient nourris avec de la truite (un régime alimentaire adapté aux chiens de traineaux) ils consomment maintenant un merveilleux aliment bien plus adapté, les croquettes « chenil service » à bas prix qui vont bien évidemment leur profiter. Et la catastrophe ne fait que commencer !
Devant autant de compétences, le JPA tient à féliciter Natacha (la Présidente bénévole) Jean François (le PDG expert) Tamara, Hervé et tous les salariés impliqués dans ces faits divers qui vont à coup sûr redorer l’image de LA SPA et de la formidable SACPA. Ces « professionnels » de haut vol n’ont pas fini de nous étonner…
Un article d’ Alain Lambert – 15 février 2016