L’émission « Animaux à adopter » tournée dans plusieurs refuges de la SPA est un gros succès. Elle a tiré des larmes à plusieurs millions de téléspectateurs depuis 2018 et remplace dans le cœur des Français l’inénarrable « 30 millions d’amis ». Il faut se réjouir qu’avec ces jolies histoires d’animaux abandonnés, elle favorise l’adoption. Comme la société Pro tv de Réha Hutin qui vendait l’émission « 30 millions d’amis » en son temps aux chaînes de télévision (TF1, France 2 puis France 3), c’est aujourd’hui la société Coyote Productions de Christophe Dechavanne qui vend ces émouvantes histoires sur l’abandon pour la chaine C8. Et pourquoi pas, si la cause est bonne ? Une chose est certaine les équipes d’« Animaux à adopter » ne sont pas allés filmer les pratiques de la Maison SPA sur l’Ile de Beauté. En Corse, des chiens et des chats de la Société Protectrice des Animaux gardés par des pensions rémunérées ont vécu pendant des années dans des conditions effroyables sans que la direction du Boulevard Berthier ne bouge le petit doigt. Là-bas, il y avait de nombreux signalements mais pas de caméra…

Dans son courrier envoyé au Directeur Général Guillaume Sanchez et au Président Jacques- Charles Fombonne de la SPA en avril 2023, Juliana Bonelli « déléguée enquêtrice au sein de la Spa» n’y va pas avec le dos de la cuillère quand elle parle des conditions de vie dans les pensions des chiens et des chats récupérés par la Maison SPA de Corse . Elle décrit des « box sales et insalubres jonchés d’excréments » où « les animaux ne sortent pour ainsi dire jamais » et sont « nourris avec des croquettes bon marché » . Ce signalement n’est pas le témoignage isolé d’une adhérente de l’association. Il a été également fait par des bénévoles et des salariés de la SPA, preuves à l’appui et à plusieurs reprises entre 2018 et 2023.


19 chiens et 6 chiots dans 35 mètres carré !
Il ne fallait pourtant pas que les responsables parisiens soient titulaires d’un doctorat en mathématique pour constater l’entassement des chiens de la SPA en Corse. Il suffisait de faire un petit calcul digne de l’école élémentaire. Quand la SPA a payé une facture de 6076 euros à une pension sous contrat pour la garde, dans cinq box de 4 mètres carré et un box de 15 m2 à 8 euros par chien (et par jour) et de 6 chiots à 50 euros par jour, combien de chiens ont été gardés en un mois ? La réponse est édifiante : 19 chiens par jour et 6 chiots dans 35 mètres carré ! CQFD ! On est loin des jolies installations qui font le ravissement des téléspectateurs de l’émission « Animaux à adopter »… Une multitude de témoignages ont pourtant donner l’alerte aux différents responsables du boulevard Berthier sur le système de pensions qui avait été mis en place en 2014 par l’ancienne administratrice Dominique Antona et validée par Natacha Harry à l’époque où elle dirigeait la SPA. Un système qui a été prolongé et accentué depuis l’arrivée du Général Jacques-Charles Fombonne à la tête de l’association.

Alain Lambert (Rédacteur du JPA et aujourd’hui administrateur de la SPA) mettait déjà en garde le nouveau Président lors de son intervention à l’assemblée générale en 2019 en décernant : « Une mention « spéciale » pour la délégation de Corse (Ah, la Corse !) qui percevait 44 547 euros du siège en 2013 et qui a touché 477 083 euros *en 2018. En quatre ans, depuis la location d’une petite boutique SPA à Ajaccio sans avoir le moindre refuge et sans véritable contrôle, elle a touché 1 651 170 euros ! ». Peu enclin à écouter les conseilleurs, le Général a persévéré dans cette voie. Pire encore, sa direction à sanctionné sévèrement les membres de la SPA qui osaient faire entendre leurs voix sur la gestion des animaux en Corse.
« Insubordination » pour ceux qui dénoncent les pratiques de la Maison SPA !
En 2018, une salariée en charge entre autres des transferts d’animaux en Haute-Corse était contrainte par la direction de la Maison SPA à la démission pour avoir dénoncé les conditions de vie des chiens et des chats en pension. Une autre salariée en 2020, Marguerite Durand s’est faite licencier sans ménagement pour « insubordination ». Le 29 juin 2020, la directrice des ressources humaines de l’association l’avait convoquée à Paris pour lui signifier qu’elle était sanctionnée par ses services pour, entre autres, « Insubordination, critique systématique des directives données par la hiérarchie, non application des règles » . Dans cette réunion qui réunissait avec Madame Eghazarian (la DRH), Monsieur Sanchez (le Directeur Général de la SPA), Jonathan Dupré (le responsable régional) et Monsieur Pasqualini (responsable de la Maison SPA), Madame Durand a pourtant pris soin de porter un dossier étayé avec témoignages et photos à l’appui sur les conditions de vie des animaux dans les pensions. Rien n’y a fait, le directeur général a refusé d’écouter les arguments de la salarié. Elle a reçu sa lettre de licenciement le 7 aout 2020. Elle vient de gagner son procès au prud’hommes et la SPA a été condamnée pour « licenciement sans cause réelle et sérieuse » le 5 juillet 2022.
En 2023, un audit interne cloue au pilori la gestion des animaux par le responsable de la Maison SPA !
Fin 2022, Marie-Françoise Augustin, administratrice en charge de la Corse a eu le courage de mettre sur la table du conseil d’administration parisien les « dysfonctionnements » de la Maison SPA. La « direction de l’Audit du Contrôle et des Risques » a alors été mandatée par la direction générale de la SPA du 19 décembre au 19 janvier 2023. Son rapport est sans appel : « Les pensions ne respectent pas leurs obligations en matière de protection et de bien-être animal (réglementation, hébergement, nourriture, soins et entretien). Les conditions de vie des animaux dans les pensions sont dégradées, voire critiques. Le nombre d’animaux enregistrés sur la base de données de la SPA ne coïncide pas avec la réalité des animaux présents physiquement à la MSPA et sur les pensions. Des sous-traitants ne sont pas déclarés auprès des collectivités publiques. Les prestations de fourrière sous-traitées ne font pas l’objet de contrats entre la SPA et les pensions. Les adoptions et transferts ne permettent pas d’absorber le flux d’animaux entrants. Les coûts des pensions sont importants et en constante augmentation. » Malgré ce rapport accablant, Mr Pasqualini, responsable de la Maison SPA de Corse depuis 6 ans n’a pas été licencié. En juin 2023, il a été préconisé par la direction parisienne qu’il devrait « de son parcours bénévole et professionnel inverser ces deux postures : l’engagement personnel dans un projet de protection animale et la gestion professionnelle d’un projet de protection animale » Tout un programme ! Dans leurs jolis coins de paradis, la chienne Cheyenne (tuée par trois autres chiens dans un box trop petit et déclarée comme morte de maladie par l’intéressé) et les nombreux autres animaux décédés victimes de la promiscuité et des mauvais soins n’ont pas vraiment dû remuer la queue…

En hommage à Cheyenne, victime innocente, tuée par trois autres chiens dans un box trop petit et déclarée comme morte de maladie par la Maison SPA de Corse
La rédaction du Journal de la Protection Animale